Grâce à la technologie de la « blockchain », Carrefour prétend mettre en place une traçabilité sans faille de ses produits. Argument marketing ou réelle volonté de transparence ?
Traçabilité ! À l’heure des œufs au fipronil et des laits infantiles contaminés par des salmonelles, ce dispositif réglementaire n’a jamais été autant attaqué ni sa véracité remise en cause par des consommateurs qui réclament toujours plus d’informations sur ce qu’ils mangent. Comment retrouver leur confiance et redonner un contenu fiable à un concept passablement éculé ? Carrefour pense avoir trouvé la réponse. Début mars, le géant de la grande distribution annonçait le lancement de la première « blockchain » (base de données sécurisée qui permet la transmission d’informations sans intermédiaire) alimentaire en Europe. Objectif : garantir aux consommateurs « une transparence totale sur la traçabilité de ses produits, une étape importante dans le plan de transformation Carrefour 2022 », précise le communiqué de l’enseigne.
Pour son premier essai, Carrefour a choisi comme cobaye un produit de sa marque propre : le poulet fermier d’Auvergne filière qualité Carrefour, vendu à 1 million d’unités chaque année. Le principe : le consommateur flashe avec son smartphone le QRCode (un type de code barre en deux dimensions) présent sur l’emballage, et reçoit instantanément un ensemble d’informations spécifiques concernant ce poulet et son parcours, depuis son lieu d’élevage jusqu’à sa mise en rayon. Par exemple, dans quel couvoir est né le poussin, chez quel éleveur il a grandi, le profil de son alimentation (nourri aux céréales et au soja français, sans OGM…), l’absence de traitement (sans antibiotiques), son âge à l’abattage, etc. En prime, un film de 45 secondes présente l’éleveur sur son exploitation, dans un cadre évidemment bucolique. « Tout l’intérêt de la « blockchain » est de rendre accessible au consommateur la traçabilité de son produit, de façon très simple », explique Hervé Gomichon, directeur de la filière Qualité Carrefour (FQC). Né en 2008 avec la monnaie virtuelle du bitcoin, ce dispositif permet à chaque acteur de la chaîne d’approvisionnement (producteurs, transformateurs et distributeurs) d’enregistrer toute transaction ou information dans une base de données partagée par l’ensemble des ordinateurs du réseau. Le dispositif est sécurisé et quasiment infalsifiable, car toute modification des données enregistrées est automatiquement signalée à l’ensemble des contributeurs.
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