LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 29.08.2016 à 17h19 | Par Sandrine Cabut
Le laboratoire a minimisé les effets secondaires de son produit. » Combien de fois a-t-on entendu cette phrase, au fil des affaires de santé publique concernant des médicaments, du Distilbène (hormone donnée pendant plusieurs décennies aux femmes enceintes, et dont les conséquences se font sentir au moins dans les deux générations suivantes) au Mediator ?
Grâce à un travail colossal d’analyse de données, des chercheurs du Centre Cochrane, au Danemark, mettent au jour un nouvel exemple de sous-déclaration des effets indésirables d’une molécule, et ce avant même son autorisation de mise sur le marché. Il concerne l’orlistat, un médicament visant à la perte de poids, commercialisé en Europe en 1998 sous le nom de Xenical par le laboratoire Roche.
En compulsant 8 716 pages de rapports d’études cliniques et de protocoles, correspondant à sept essais thérapeutiques avec 4 225 participants – documents obtenus auprès de l’Agence européenne des médicaments (EMA), Peter Gotzsche et ses deux collègues montrent que des effets secondaires de l’orlistat ont été mis sous le tapis. A la fois dans les résumés des rapports destinés aux autorités et dans les publications scientifiques correspondantes.
Pratiques approximativesLeurs résultats ont été publiés le 16 août dans la revue PLOS Medicine. « Nous avons trouvé que les instructions aux investigateurs des essais avaient le potentiel de diluer les effets indésirables », écrivent ces auteurs. Aucun des protocoles et…