Un étiquetage clair sur ses produits ? L’industrie agroalimentaire n’en veut surtout pas. Depuis dix ans, elle lutte contre la mise en place de logos colorés, inspirés des feux de circulation, qui révéleraient la vraie nature de certains aliments transformés : trop gras, trop salés, trop sucrés. Que tous les consommateurs puissent faire leurs courses de manière éclairée sans pour autant être diplômés en nutrition, telle est l’idée. Quitte à choisir entre deux pizzas, autant opter pour celle qui porte la couleur verte, donc la plus saine, et non celle étiquetée en orange. Cet outil pourrait être ajouté à la panoplie des mesures de santé publique destinées à enrayer l’augmentation des maladies cardiovasculaires, de l’obésité (17 % des Français), ou du diabète, dont l’incidence a quadruplé depuis 1980 pour atteindre 422 millions de personnes dans le monde.
Si l’industrie refuse des pastilles de couleurs sur ses emballages, c’est parce qu’elle en redoute une en particulier : l’écarlate de la « stigmatisation », selon ses propres termes. Car la couleur rouge pourrait aussi servir de support pour fixer des taxes, à l’instar de la « taxe soda » sur les boissons sucrées. Quand la Commission européenne s’engage sur la voie d’une harmonisation de l’étiquetage alimentaire dans l’Union en 2006, la Confédération européenne des industries alimentaires et de la boisson se mobilise pour développer ses propres logos (les repères nutritionnels journaliers) et contrer le système de feux tricolores qui est envisagé. Dans la presse européenne, elle revendique avoir…