Imaginez. Vous êtes tranquillement allongé sur une plage de sable blanc du Cap Ferret. Le dernier livre de Maxime Chattam dans une main, un tube de crème solaire dans l’autre. Jusqu’ici, tout va bien. Vous êtes détendu, vous ne pensez à rien, pas même à ce satané dossier pour un client qatari que vous avez laissé en jachère avant de partir en vacances. Sauf que, sauf que… C’est là que votre employeur décide de vous envoyer un SMS, sans doute pour se défaire de son anxiété, où il vous intime de lui transmettre ce fameux dossier. Mais est-ce bien légal ?

“Les règles sont inscrites depuis bien longtemps dans le Code du travail : il est interdit pour un employeur de contacter un salarié pendant la période de suspension du contrat de travail, que ce soit le soir, le weekend ou pendant les congés”, rappelle François Vaccaro, avocat spécialiste du droit du travail et membre du réseau Eurojuris. Un principe qui a été rappelé avec la loi El Khomri de 2016, au travers du droit à la déconnexion, qui n’est qu’une adaptation aux outils numériques de ce principe ancien du droit du travail.

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Un principe qui a tout de même une exception. “Si le contact est nécessaire à la bonne marche de l’entreprise, alors l’employeur a le droit de solliciter un salarié en dehors de son temps de travail”, explique François Vaccaro. Exemple ? “Je me souviens d’un salarié qui était le seul à détenir une clef d’entrée pour accéder à un fichier informatique incontournable pour son entreprise. Son patron l’a contacté alors qu’il était en congé, ce qui était justifié”, poursuit-il. Dans de très rares cas, du fait d’un événement exceptionnel (tous les salariés malades en même temps par exemple), “l’employeur peut demander à l’un de ses salariés d’interrompre ses congés pour venir prêter main forte”, ajoute Delphine Robinet, avocate spécialisée en droit social.

La jurisprudence prud’homale n’est pas avare de cas de salariés se plaignant d’avoir été contactés par leur employeur en dehors de leur temps de travail. “Ce que l’on a vu beaucoup, à une époque, ce sont des salariés sous le coup du stress engendré par des e-mails envoyés par leur manager ou leur patron le soir, entre 18h et 21h. Ce qui menait en général à des demandes de dommages et intérêts”, témoigne Delphine Robinet. “Certains en profitent aussi pour demander des heures supplémentaires, pour compenser le dérangement en dehors du temps de travail. Un jugement de la Cour d’appel de Paris, prononcé en …

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